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  Dans l’enceinte du temple zen Daitoku-ji, nous sommes allés, à l’ouest, au temple subsidiaire Kôtô-in où se dresse la tombe du couple Hosokawa Tadaoki et Garasha. Si nous allons au nord, on trouve un autre temple subsidiaire dont le nom est un peu différent des autres. Il s’appelle Shinju-an. Il fut fondé en l’an 1441 sur l’ordre de l’empereur par le bonze zen vertueux Ikkyu.

  Ikkyu descendait de la famille impériale mais fut confié, pour des raisons inconnues, à un temple. Depuis son enfance, il faisait preuve d’esprit et donc prit la plume. Génie de l’écriture, ses écrits fascinent depuis son enfance jusqu’à aujourd’hui. Vers la fin de sa vie, il contribua beaucoup à la fondation du temple Shinju-an basé sur des fonds recueillis par sa popularité.

 

  Ce n’était pas dans le Shinju-an qu’Ikkyu habitait, mais dans une hutte car il voulait continuer à mener une vie libre. A vrai dire, Ikkyu ne faisait aucun cas de l’autorité ou des dogmes. Il ne voulait pas de son statut de fondateur ou de bonze verteux. Autrement dit, il se moquait des conventions. Par conséquent, on peut apprendre beaucoup par ce qu’il a dit, ce qu’il a écrit et ce qu’il a fait. Je voudrais vous présenter quelque exemples.

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  1. Quand Ikkyu visita la ville de Sakai (au sud d’Osaka), il marcha dans la rue dans une tenue qui ne convenait pas du tout aux bonzes. Il était habillé d’une robe fripée et tenait un sabre sous le bras. Le fourreau du sabre était laqué rouge et décoré somptueusement. Un passant lui demanda : « Monsieur le bonze ! Pourquoi portez vous ce sabre luxueux? » Ikkyu tira son sabre brusquement et lui montra la lame. Elle n’était pas faite de fer mais de bambou. Ikkyu dit : « Ce faux sabre est justement comme les bonzes verteux d’aujourd’hui. Même s’ils sont habillés de robes superbes, ils sont totalement inutiles. Il ne leur reste plus qu’à s’asseoir dans le temple comme objets décoratifs. »
  1. Une fois par an, le premier jour de l’an, Ikkyu visitait un cimetière pour ramasser une tête de mort. (A cette époque-là on déposait des dépouilles en plein air.) Ensuite, il marchait dans la rue, en portant la tête de mort au bout d’un bâton. Pendant toute la marche, il poussait un cri : « Attention ! Attention ! » car le premier jour de l’an était pour lui une borne sur le chemin vers l’autre monde. Chaque année, notre espérance de vie diminue. Mauvaise année !
  1. Ikkyu buvait du saké et mangeait de la viande, même si c’était interdit par le bouddhisme. De plus, il entretenait des liaisons amoureuses non seulement avec des femmes mais aussi avec des hommes. Même dans son quatrième âge, il établit une relation intime avec une chanteuse itinérante aveugle. Elle prit bien soin de lui jusqu’à ce qu’il meure à l’âge de 88 ans.
  1. Ikkyu avait un ami très proche. Il s’appelait Rennyo. Il faisait partie d’autre secte religieuse Jodoshinshu. Il était bien connu pour avoir reconstruit le temple Hongan-ji (le centre de Jodoshinshu) qui avait été ravagé par les guerres répétées. Un jour, Ikkyu rendit visite à Rennyo mais il était absent. En l’attendant, Ikkyu commença à faire la sieste devant l’autel familial dans sa maison. A ce moment-là, il utilisa la statue d’Amida-bouddha comme oreiller. Quand Rennyo rentra, il fut surpris par ce spectacle incroyable. Il dit alors : « Qu’est-ce que tu fais sur mon gagne-pain? » Tout les deux éclatèrent de rire en même temps.

  A propos, le nom d’Ikkyu signifie « une petite pause ». Il provient d’une philosophie assez contradictoire. De manière assez pessimiste « La vie n’est qu’une petite pause avant de mourir. Peu de choses sont vraiment importantes.» C’est pourquoi on peut la vivre pleinement, en accord avec soi-même et la nature. Plutôt optimiste finalement, non ?

 

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