Au nord de la gare de Karasuma sur la ligne de Kyoto Hankyu, il y a un temple appelé Chohoji. Habituellement on l’appelle par son surnom, « Rokkaku-do », en français « le temple hexagonal », parce que le bâtiment principal est en forme d’hexagone.
En comparaison avec d’autres temples touristiques, tels que le Kiyomizu-dera, ce temple, pourtant très spacieux, est situé dans un quartier très ordinaire.
Mais si on jette un coup d’oeil dans l’enceinte par le portail, on s’aperçoit combien ce temple est magnifique. Particulièrement impressionnants sont le sanctuaire imposant et le saule touffu en premier plan.
L’histoire du Rokkaku-do remonte à l’époque d’Asuka (593 – 710) quand cette ville n’était pas capitale du Japon, avant même que Kyoto devienne la ville magnifique qu’on connaît. Shotoku-taishi était l’homme le plus influent de l’époque et l’emplacement du Rokkaku-do n’était qu’une colline boisée. Il est difficile d’imaginer cette époque lointaine alors, pour vous aider, laissez moi vous raconter la légende suivante.
Shotoku-taishi était venu dans cette région pour chercher du bois dans le but d’édifier le temple Shitenno-ji à Osaka. Il abattit un arbre et examina la qualité du bois. Afin de travailler plus confortablement, il accrocha aux branches d’un autre arbre ses effets personnels et notamment sa statue bouddhique portable.
Cette statue représentait la Nyoirin-kwannon, la déesse tutélaire de Shotoku-taishi. Quand il essaya de la récupérer, elle ne voulut pas se décrocher de l’arbre. La nuit, elle apparut dans son rêve et lui dit : « Je voudrais sauver des gens, ici ! » Donc, il bâtit un temple sur la colline pour la Nyoirin-kwannon. C’est l’origine du Rokkaku-do.
Il y a dans l’enceinte une pierre appelée « Heso-Ishi ». « Heso » signifie en français « Nombril » et « Ishi », « pierre ». La concernant, une histoire intéressante est transmise.
En 794, quand on transféra la capitale à Kyoto, le Rokkaku-do était justement sur une des rues principales qui s’étendait d’est en ouest selon le plan imaginé pour la nouvelle ville. L’empereur en ce temps-là s’appellait Kammu. Il envoya un messager au temple qui parla ainsi : « Si vous ne voulez pas quitter cet endroit, pourriez-vous vous déplacer un peu au nord ou au sud ? » A ce moment-là, le ciel commença à se couvrir et un vent inattendu se leva.
Le messager pensa qu’il avait mis la déesse Nyoirin-kwannon en colère. Mais le Rokkaku-do se déplaça de lui-même d’environ 15 mètres au nord, à l’exception d’une des pierres de fondation qui resta longtemps au milieu de la rue. Puisqu’ elle commençait à gêner la circulation, on la déplaça finalement dans l’enceinte du temple à l’époque de Meiji (1868 – 1912).
Comme le point où la pierre était resté longtemps sur la rue était justement au centre de la capital, on l’appelle « Heso-Ishi », « la pierre du nombril ».
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