A l’ouest de la gare de Matsuo sur la ligne d’Arashiyama du Hankyu-dentetsu, s’étend l’enceinte du sanctuaire shinto Matsuo-jinja. Quand on suit la vielle rue qui passe devant le torii (portail) vers le sud sur environ 400 mètres, on arrive au sanctuaire shinto Tsukiyomi-jinja, dont l’histoire remonte au temps de Kofun (cinquième siècle).
En l’an 489, quand un délégué spécial appelé Abenoomikotoshiro fut envoyé sur l’ordre de l’empereur Kenzo-tenno à Minama (une ville en Corée), il fit un séjour de courte durée sur l’île d’Iki qui se situe entre Kyushu et la péninsule coréenne. Là, il entendit un oracle du dieu de la lune Tsukuyomi qui était déifié sur cette île : « Si tu me déifies à Kyoto, tout le monde au Japon deviendra heureux. »
Après avoir rapporté cet événement mystérieux à l’empereur, Abenoomikotoshiro bâtit un sanctuaire pour faire venir Tsukuyomi quelque part le long de la rivière Katsura-gawa. Mais parce que le sanctuaire fut emporté plus tard par une inondation, il fut déplacé à l’endroit actuel. Celui qui collabora à la fondation du sanctuaire à Kyoto était Oshiminosukune, un prêtre shinto de l’île d’Iki. Il prit la peine de venir de cette île éloignée à Kyoto et officia dans le sanctuaire jusqu’à sa mort.
Parmi la fraternité des trois dieux Amaterasu, Tsukuyomi et Susanoo, Tsukuyomi est très peu mentionné. Il y a seulement une histoire le concernant dans un livre ancien (Nihonshoki) :
Amaterasu (la déesse du soleil) qui domine avec Tsukuyomi (le dieu de la lune) sur Takamagahara (le haut monde) donna l’ordre à ce dernier de rendre visite à Ukemochinokami (le dieu de l’aliment) qui crée la nourriture pour les habitants dans Ashiharanonakatsukuni (le bas monde). Aussitôt, Tsukuyomi descendit en bas et alla voir Ukemochinokami. Celui-ci se réjouit de la visite d’un dieu du haut monde et commença à préparer un festin.
Quand Ukemochinokami se tourna vers la terre, le riz sortit de sa bouche ; vers la mer, des poissons de toutes tailles ; vers la montagne, des animaux d’espèces variées. Après avoir cuisiné tous les aliments, il disposa les plats sur la table pour régaler son visiteur.
Assistant à cette scène anormale, Tsukuyomi eut la nausée et dit : « Vous essayez de me faire manger ce que vous avez craché de votre bouche. Elle me semble dégoûtante cette cuisine ! » Il tira son épée accrochée à sa ceinture et lui donna un coup violent. Tsukuyomi rentra à Takamagahara et rendit compte de ce qu’il avait fait dans le bas monde.
Amaterasu dit à Tsukuyomi : « Dire que tu l’as tué, c’est de la folie ! Ukemochinokami est un dieu de valeur qui donne naissance à la nourriture pour les hommes de son monde. Je ne veux plus jamais te revoir ! » Depuis, elle ne le voit jamais. C’est la raison pour laquelle Amaterasu (le soleil) n’apparaît pas dans le ciel en même temps que Tsukuyomi (la lune).
Amaterasu envoya un délégué spécial à Ashiharanonakatsukuni pour vérifier l’état de Ukemochinokami. Il le trouva mort, bien sûr, mais dans une situation incroyable. De sa tête étaient nés un boeuf et un cheval. Sur son front avait grandi un millet. Ses sourcils, ses yeux et son ventre avaient produit chacun un ver à soie, du panic et du riz. En outre, une pousse de blé, un soja et un haricot rouge avaient germé de son appareil génital. Le délégué rapporta tout à Takamagahara pour les offrir à Amaterasu. Généreusement, elle répandit ces origines de l’alimentation dans le monde entier.