A peu près 150 mètres à l’ouest du carrefour Karasuma-Takatsuji, par lequel je suis passé sur le chemin du temple Byodo-ji (Inaba-Yakushi), il y a le carrefour Muromachi-Takatsuji. Environ 50 mètres encore à l’ouest de là, se trouve à droite un petit sanctuaire shinto qui donne sur la rue de Takatsuji. On l’appelle « Hanjo-jinja » ou « sanctuaire de la prospérité ». Concernant la naissance du nom « Hanjo », deux histoires totalement différentes sont transmises.
« La première histoire »
A l’époque d’Heian (794-1185), il y avait à l’emplacement du sanctuaire la villa du noble Fujiwara-no-Shigenari. Il fit aménager dans son jardin un étang et l’appela « Kudoku (charité)-Ike ». Ensuite, il organisa une cérémonie pour que l’essence des 3 déesses du sanctuaire Itsukushima-jinja d’Aki (préfecture d’Hiroshima) puissent être accueillies sur l’îlot au milieu de l’étang. Ainsi, il transforma sa villa en temple et l’ouvrit au public.
Avec le temps, une des déesses fut identifiée à la déesse bouddhique Benzaiten et devint plus populaire que les autres. On la considéra comme la déesse principale et on appela son sanctuaire « Benzaiten-jinja», une sorte de mélange des deux religions shinto et bouddhique. Puisque l’autre nom de Benzaiten était Harisaijo (couturière de talent), Benzaiten-jinja se transforma en Harisaijo-jinja. Par la suite, l’utilisation orale du nom le fit évoluer au fil du temps : Harisaijo – Hansaijo – Hansaajo – Hannjo et finalement Hanjo. C’est ainsi qu’on obtint le nom actuel du sanctuaire .
« La deuxième histoire »
A l’époque d’Heian (794-1185), un officier qui avait gouverné la région de Nagato (la préfecture de Yamaguchi) habitait dans le quartier Muromachi-Takatsuji. Il avait deux filles : l’aînée, déjà mariée, et la cadette, célibataire. Cette dernière, après avoir quitté son travail dans le palais impérial, habitait dans la maison paternelle. Elle ne faisait rien de spécial sauf qu’elle recevait, de temps en temps, un homme, secrètement, dans la villa. Quand elle avait 27 ans, elle fut frappée d’une maladie grave et mourut.
Ses parents mirent son cadavre dans un cercueil et le portèrent en chariot jusqu’au cimetière. Mais, quand ils essayèrent de le descendre, ils remarquèrent qu’il était plus léger. Ils jetèrent un oeil à l’intérieur. Il était vide ! N’ayant rien d’autre à faire, ils rentrèrent chez eux. Alors, ils trouvèrent le corps de leur fille sur le futon.
Le jour suivant, ils repétèrent la même chose, en vain. Avec ténacité, ils essayèrent de déplacer la femme mais le cadavre ne bougea pas. Alors, un vieil homme leur proposa d’enterrer leur fille à l’endroit où elle était allongée. En effet, considérant qu’un homme avait souvent visité la villa pour la voir, il supposa qu’elle ne veuille pas quitter l’endroit où ils s’étaient vu en cachette.
Consentant à sa proposition, ils creusèrent un trou dans le jardin de la villa. Alors, ils purent bouger le cadavre aisément. Aussitôt, ils enterrèrent la femme et érigèrent devant un monument sur la surface duquel était écrit « Hanjo-zuka (la tombe d’Hanjo) ». Hanjo était le nom d’une dame d’honneur dans la Chine ancienne qui obtint la faveur du roi au début mais la perdit définitivement et mourut dans la solitude. Probablement, la femme fut comparée à ce personnage historique. Hanjo-zuka se développa, avec le temps, en Hanjo-jinja.
Parce que le nom « Hanjo » était inconnu de la plupart des gens, son homonyme « Hanjo (prospérité) » le détrôna. Ce dernier était si approprié au sanctuaire que l’appellation «Hanjo-jinja» dans le sens de « sanctuaire de la prospérité » se généralisa et s’ancra dans les esprits..
