A peu près à mi-chemin entre la gare de Higashiyama-Sanjo et de Keage sur la ligne de Tozai du métro de Kyoto, il y a un endroit appelé Kaji-cho (le quartier des forgerons), puisque beaucoup de forgeurs habitaient là jusqu’à l’époque de Kamakura (1192 – 1333). De chaque côté de la rue de Sanjo-dori qui traverse cet endroit d’Est en ouest, on trouve deux sanctuaires shintos, le Awata-jinja au sud et le Aizuchi-Inari-jinja au nord. Dans le premier, le forgeur légendaire de sabre, Sanjo-Kokaji- Munechika, et dans le second, un renard, qui l’a aidé dans son travail, sont déifiés. Alors, quelle relation y a-t-il entre Munechika et le renard ?
Ça s’est passé au milieu de l’époque d’Heian (794 – 1185). Un soir, l’empereur Ichijo fit un rêve étrange, dans lequel il entendit un oracle : « Forge un sabre pour protéger la ville de Kyoto ! » Tout de suite, il demanda à Munechika qui habitait dans les environs du Awata-jinja de réaliser cet ordre du dieu. Au début, Munechika hésita mais il ne pouvait pas ignorer l’ordre de l’empereur.
En ce temps-là, Munechika était, en tant que forgeur, dans une situation difficile parce qu’il lui manquait un bon partenaire. Donc, il pria dans le Awata-jinja le dieu Inari de lui donner un bon disciple. Alors, un jeune homme apparut soudain devant lui et lui demanda s’ils pouvaient travailler ensemble. Après avoir échangé quelques paroles, Munechika l’admira d’être tant versé dans le domaine de la forge.
Munechika commença à forger un sabre tutélaire avec le jeune homme, son disciple. Ils donnaient des coups de marteau au fer sur l’enclume alternativement en parfaite harmonie. On appelle cette opération en japonais « Aizuchi ». Finalement, ils confectionnèrent un sabre magnifique.
Munechika dit au disciple : « Grâce à toi, j’ai pu achever mon travail. Quel nom veux-tu donner à ce sabre ? » Le disciple répondit : « Pourquoi pas Ko-gitsune-maru (le sabre du petit-renard) ? ». Après avoir remis le Kogitsunemaru au messager de l’empereur, le disciple disparut dans le ciel. Munechika resta sur place avec stupeur.
Il comprit que le disciple était une incarnation du renard, le messager du dieu Inari qu’il avait prié. En témoignage de sa gratitude, il bâtit un petit sanctuaire shinto, le Aizuchi-Inari-jinja pour déifier le renard. Même si ce sanctuaire est situé dans un quartier dense où les maisons sont serrées les unes contre les autres, il y a beaucoup de visiteurs parce que cette histoire est souvent utilisées dans le thèâtre japonais pour le Kabuki ou le Noh.
Le sabre, Kogitsunemaru, devint trésor de la famille noble, Kujo-ke, mais il a cependant été perdu. C’est dommage. Quelques oeuvres de Munechika sont cependant arrivées jusqu’à nous. Comme ce fauchard au sujet duquel des histoires étranges sont transmises : « Il y a quelqu’un qui a tranché une corde de paille en utilisant l’ombre du fauchard. » Ou encore : « Il y a quelqu’un qui s’est blessé au pied après avoir marché sur l’ombre du fauchard. »
Les créations de Munechika coupent si bien !