Ces derniers temps, j’ai écrit trois fois sur des temples dont le nom provient d’un animal. Je me suis rappelé alors que j’ai écrit dans le chapitre 37 sur le renard Sotan déifié dans le sanctuaire Sotan-inari-jinja. Le renard Sotan était fort non seulement dans le rituel de la cérémonie du thé mais aussi aux jeux de stratégie (go-échecs). Il y a aussi à Kyoto une renarde qui s’est distinguée dans un art. Son nom est « renarde Otatsu » et elle est déifiée dans le sanctuaire « Otatsu-inari-jinja ».
Ce sanctuaire se trouve à environ 800 mètres à l’est de la gare de Marutamachi de la ligne Keihan, juste au nord du sanctuaire Heian-jingu.
En l’an 1705, une renarde apparut dans les rêves de Shinsukenmonin, maîtresse de l’empereur Higashiyama, et dit : « Il y a un bosquet au sud-est du palais. Déifiez-moi là-bas. » Le jour suivant, le maîtresse se dépêcha et trouva le même bosquet qu’elle avait vu en rêve. Elle fit bâtir aussitôt un petit sanctuaire pour l’animal et le nomma « O-tatsu-inari-jinja » parce que la direction sud-est se dit, en vieux japonais, tatsu. Elle appela la déesse « renarde O-tatsu ».
Par la suite, quand on entrait dans le bosquet, on entendait le son exquis du koto (la cithare japonaise à treize cordes dont on pince les cordes avec des onglets). Bientôt, on commença à considérer la renarde Otatsu comme une virtuose du koto. Même aujourd’hui les candidats aux concours d’entrée des conservatoires de musique visitent souvent ce sanctuaire.
A l’intérieur de l’enceinte, on trouve un sanctuaire miniature où une pierre noire d’une hauteur d’un mètre est déifiée. On l’appelle « Fukuishi-daimyojin » ou « la pierre qui porte bonheur ». Une histoire intéressante est transmise la concernant.
Il était une fois un couple qui vivait dans la misère. Un jour, la femme fit le voeu de prier la renarde Otatsu quotidiennement pendant cent jours pour les faire vivre désormais dans l’aisance. Au centième jour, après avoir fait la dernière prière, elle s’assoupit dans l’enceinte à cause de la fatigue. Quelques temps après, elle se réveilla, frissonnant de froid. Elle s’aperçut qu’elle avait dans la main droite une petite pierre noire. Elle regarda la pierre comme un cadeau de la part de la renarde Otatsu et la déifia sur l’autel shintoiste chez elle.
Plus tard, elle tomba enceinte et donna naissance à une fille qui devint en quelques années une belle femme. Un daimyo (un seigneur local) la vit. Il en tomba amoureux et l’épousa. Grâce à son aide financière, le couple put vivre dans l’aisance jusqu’à la mort.
Basé sur cette histoire, on se mit à croire qu’on peut vivre dans le bonheur si on remporte une petite pierre noire depuis l’enceinte de ce sanctuaire jusqu’à chez soi. Heureusement, on peut acheter ce genre de pierres dans le bureau de l’Otatsu-inari-jinja.
