Si on descend à la gare de Kiyomizu-gojo sur la ligne de Keihan et marche le long de la rue de Gojo-dori vers l’ouest, on traverse d’abord la rivière de Kamo-gawa, le ruisseau de Takase-gawa puis la rue de Kawaramachi-dori. Alors, il y a à ma gauche une voie qui s’étend de là vers le sud. Après avoir marché le long de ce chemin sur environ150 mètres, on trouve à ma gauche un temple appelé « Renkoji » où une statue d’Amida-bouddha est gardée en secret. Elle a été sculptée par Kaikei, un sculpteur bien connu à l’époque de Kamakura (1192 – 1333). La concernant, une légende étrange est transmise.
Un bonze de la région de Tohoku (région située au nord-est du Japon) avait honte de n’avoir aucune statue de bouddha principal dans son temple. Un beau soir, il entendit la voix d’un dieu : « Va à Kyoto et demande à Kaikei de sculpter une statue bouddhique ! » En même temps, Kaikei entendit la même voix : « Un bonze viendra de la région de Tohoku et te demandera un service. Comble ses voeux ! » De cette façon, tous les deux se rencontrèrent à Kyoto. Kaikei promit au bonze de livrer une statue au printemps prochain et chacun alla son chemin.
Par la suite, Kaikei se plongea dans son travail comme un possédé et acheva une statue splendide en 120 jours seulement. Il dressa son oeuvre sur un autel provisoire, très satisfait de son travail.
La statue représentait si parfaitement ce qu’il avait imaginé que le désir de plus en plus fort de la garder à son côté naquit en lui. Donc, il repoussa la livraison d’un an. Mais, le temps vint où il devait la céder.
Le bonze de Tohoku vint la chercher et repartit pour son temple, portant la boîte contenant la statue sur son dos. Même après son départ, Kaikei ne pouvait contenir son attachement excessif pour sa statue. Il poursuivit le bonze et le rattrapa à la ville de Yamashina à l’est de Kyoto, juste avant l’embranchement où le bonze devait bifurquer pour aller à Tohoku.
Avec la permission du bonze, il ouvrit la boîte. Une lumière rayonna de l’intérieur et des nuages violacés flottèrent autour d’eux.
Tous les deux se prosternèrent par réflexe devant la boîte. Quand ils jetèrent un regard craintif dedans, ils trouvèrent deux statues identiques l’une à l’autre.
Ils considèrent ce phénomène comme un arrangement élégant du dieu pour chacun. Kaikei rentra avec une statue au temple Renkoji et le bonze continua son retour à Tohoku avec l’autre.
Les deux statues bouddhiques, existent encore aujourd’hui et sont appelées « Oiwake Amidabouddha ». « Oiwake » est un mot à double sens signifiant : « embranchement » ou « porter quelque chose sur le dos séparément ».